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 Les Chiens de la Guerre - Nero

Mikhail S. Kahley
Mikhail S. Kahley

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Date d'inscription : 23/03/2014
Messages : 14
ID card : 35 ans, Conseiller du Prince.


Les Chiens de la Guerre - Nero  69uU0ZA

Sujet: Les Chiens de la Guerre - Nero
Ven 28 Mar - 10:40


L’homme cria : « Carnage ! » Et alors seront jetés les chiens de la guerre. Leur furie, leur sang bouillonnant, leurs griffes labourant le sol avec hargne iront jusqu’à votre cou pour le déchiqueter avec ferveur. Que la rage des impuissants s’abatte sur ceux dont le pouvoir est déposé sur leur tête, que la petitesse des petites gens prenne la place des grands. Qu’ils ressentent enfin ce que cela fait de toucher les nuages, d’être Roi, d’être un dieu parmi un troupeau d’insectes. Ecrasés, d’un geste de la main, les dissidents, ceux qui ont pris comme habitude de gouverner seront effacés de ce monde, telle la plus infâme des créatures jamais créée.

Mikhail referma le livre. D’un geste brusque, il se coupa volontairement de sa lecture. Des nuages de poussières volaient autour de lui, laissant planer l’odeur presque familière des vieux livres. De ceux qui ont traversé l’histoire. De ceux qui ont plus de sagesse que le plus instruit des conseillers. Mikhail se comptait évidemment parmi eux. Passant sa main d’une manière presque religieuse sur la couverture de cuir ornée, ou l’on pouvait déchiffrer le titre du livre avec une certaine difficulté, les mots qu’il venait de parcourir flottèrent encore un instant dans son esprit. Les derniers seront premiers, les premiers passeront derniers. Ironie. Sourire fin qui se dessine sur son visage. Ironique n’est-ce pas, que seuls ceux qui ont le plus de pouvoir puissent lire cette œuvre, tandis que la population ne peut s’accommoder que de romans de bas étage. Ou peut-être était-ce volontaire, peut-être que ce livre risquait de mettre dans la tête restreinte de ces personnes sans éducation, une réflexion probablement plus profonde que la simple question qui est « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »
Le Conseiller souffla du nez. S’il avait été en charge de ce genre de censure, il aurait fait de même. Le meilleur moyen de mater une révolution est de rayer ce mot du langage commun. On ne pense pas à faire quelque chose dont on ne connait pas l’existence. La monarchie de Lacryheas, la même depuis les temps immémoriaux, a tenu parce qu’il en a toujours été ainsi, et qu’il le sera toujours. Il y aura toujours le Roi et son Conseiller, peu importe que le souverain soit inapte et son serviteur brillant, du moment que cela rentrait dans le système. Jamais il n’y avait de surprise à Lacryheas. Jamais il n’y avait de changement. Jamais quelqu’un n’a hurlé « Carnage ! », et déclenché sa propre guerre contre le pouvoir en place.

Mikhail caressait toujours la couverture du livre, perdu dans ses réflexions. Perdus au milieu de livres centenaires, dans la pénombre de ces pages jaunies par le temps, il était fréquent pour le Conseiller de venir des heures chercher de quoi réfléchir. C’était la lecture, insatiable et constante, qui a réussit à faire l’homme qu’il est aujourd’hui. Prendre exemple sur ces illustres hommes du passé, se souvenirs de leurs erreurs pour apprendre à ne pas les faire. Mikhail s’était coupé le bout de ses doigts au bord de ces feuilles, s’était fait creusé des cernes jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de cire pour éclairer ses nombreuses nuits blanches, là, prostré dans son fauteuil, à lire avec avidité ce que le passé avait légué. Stella l’appelait parfois le Dévoreur de Mots pour plaisanter – et il n’y avait pas d’autres moments où il avait autant cette envie d’étrangler sa douce et belle compagne. Mikhail ne dévorait pas. Il digérait, mémorisait, et recrachait. Boule de poils sous forme de livres. Si le Conseiller de Sa Majesté avait réponse à tout, c’était bien grâce à cela.

Digérer. Mémoriser. Recracher.

Depuis le temps qu’il fréquentait le Palais Royal, et plus spécifiquement la Bibliothèque réservée au Conseil, Mikhail a eu le temps d’observer ceux qui l’entouraient. Non pas ces coincés, ces pseudo-élité, ces Gardiens et autres Pretresses qui veulent sans cesse rappeler au monde entier leur place. Non, Mikhail s’intéressait plutôt à ceux qui l’entouraient vraiment. Ceux capable de lui retirer la vie d’un coup d’épée, mais qui ne le faisaient pas. Ceux qui restaient justes, malgré la terrible possibilité qu’ils avaient. Apprendre à connaître ses potentiels meurtriers est une chose que Ditehas Sigfried a rapidement appris a faire, et l’un d’eux, parmi ses recherches, a vivement capté son attention. Non pas à cause de la menace qu’il pourrait représenter mais pour autre chose de bien plus intéressant qu’une simple carotide tranchée. Digérer, mémoriser, recracher. Mikhail avait tout appris par cœur. Prostré. Le Dévoreur avait passé de nombreuses nuits sur ce que de nombreuses personnes considèreraient comme un figurant. Un insecte. Ironie. Ils oublient systématiquement que leur pouvoir vient d’un peuple qui, d’un jour à l’autre, peut leur retirer la vie.
Bruits métalliques. Le silence monacal de la bibliothèque ne se voit perturbé que trois fois par jours – matin, milieu de l’après-midi et début de la nuit – et exceptionnellement, Mikhail attendait cela. Ces Immaculés, gardes mentalement manipulé depuis leurs 7 ans, défilaient chacun dans la pièce, laissant sa place à un autre. A cet autre. D’une manière totalement hasardeuse, le Conseiller s’était installé près d’une entrée, et donc à proximité totale des gardes la gardant.

« Tertehas.. Saâd ? » Voix faussement hésitante, mais suffisamment claire pour bien prononcer cet étrange prénom. Blond, yeux bleus. Il venait de remplacer le précédent garde, et ne s’attendait probablement pas à ce qu’on lui adresse la parole. Esquissant un geste pour l’inciter à s’assoir sur la chaise proche de celle ou Mikhail était assis, il ajouta « Ne vous en faites pas pour la surveillance de cette bibliothèque, il n’y a jamais eu qu’un seul incident et il a été provoqué par un bibliothécaire furieux qui a découvert qu’un de ses ouvrages a été abîmé. » Disant cela, il ouvrit le livre qu’il lisait avec tant de ferveur plusieurs minutes auparavant, en arracha une de ses pages, et pris une plume posée sur la table en face de lui. Digérer, mémoriser.. Une fois que Mikhail a lu, il lui était inutile de garder cette relique du passé. C’était à lui, d’écrire son propre futur. « J’aimerais savoir ce que votre ordre pense de la politique actuelle du jeune Prince, du marché Noir, de Lacryheas.. » C’était à lui, de lâcher les chiens. « Tout ce qu’un Conseiller Royal doit faire en somme. Ne vous en faites pas, ce que vous me direz sera retransmis de manière anonyme. » Mikhail panta ses yeux de glace dans ceux d’eau de son interlocuteur, et son sourire se fit plus avenant. « Cependant je ne vous ai pas choisis au hasard Tertehas Saâd. Je ne veux le point de vue que de personnes douées et dévouée, et il me semble que c’est exactement ce que vous êtes. » Les petits qui deviendront grands, les grands qui deviendront petit. Tout le monde veut cela non ?
« Je vous écoute. »
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Nero S. Iblavio
Nero S. Iblavio

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Date d'inscription : 05/03/2014
Messages : 9
ID card : vingt-cinq ans; garde de l'ordre des immaculés; sidheim


Les Chiens de la Guerre - Nero  69uU0ZA

Sujet: Re: Les Chiens de la Guerre - Nero
Sam 29 Mar - 10:32

ne mordent que le clair de lune •••



Banale. Banale. Toujours banale. Toutes ces journées étaient banales âpres sans réel goût si ce n'est la trace de la poussière qui vous fond sur la langue et qui s'éclipse en un rien de temps, peut-être juste le temps de s'en rendre compte et d'oublier, juste le temps de capter mais non pas de comprendre ce mystère, sur le bout de la langue.
Et tu te plaisais dans ce calme plat cette sécurité tellement rassurante ce schéma sans faille sans surprise cet ordre parfait, et puis aussi cette attention aux moindres détails, cette manière de découvrir chaque jour de nouvelles choses dans ce palais sans fin, dans cette forteresse de sable et de fer. Tu te tenais, fier, droit, le regard rivé devant toi, fixe fixe mais pas rêveur non, concentré apte prêt toujours, encore, cette droiture dans le dos la nuque même dans l'épée à ton flanc et surtout surtout dans ces yeux froids fiers, oui, emplis de fierté.
Toujours.
Le sentiment de faire quelque chose d'utile de bien de valorisant, d'avoir cet orgueil ô combien mauvais de nager dans la complaisance d'avoir sa place celle que personne d'autre ne pourrait remplir comme soi cette suffisance qui disait "à moi". Et puis, aussi, ce léger tiraillement au fond de la gorge, cette chose qui te laissait savoir que non, Nero, jamais tu ne trouvera vraiment ta voie dans ces dédales de pierres blanches dans ces couloirs de lumière dans ce lieu de pouvoir. Oh, petite ombre frétillante, pantin qu'on oublie qu'on remercie qu'on perçoit parfois; oh, petit soldat de plomb aux ailes lourdes mais longues longues toujours prêtes à s'envoler; oh, petite âme qui à la fin ne veut pas plus qui ne cherchera jamais l'idylle des plus grands. Non.
Nero Nero Nero qui machinalement prend son créneau aux côtés du Conseiller, cet être étrange dont tu ne voulais rien savoir -et pourtant, pourtant, pour ne pas faillir à ton devoir, tu devais savoir, Nero, apprendre écouter patienter te questionner réagir. Et ton fort intérieur te criait de fuir, comme un instinct inexplicable, mais rester rester c'était de toutes manières ce qu'il y avait à faire; de quoi aurais-tu peur, Nero ?
D'un moment d'inattention, de faille, de faiblesse d'un moment d'égarement et de cette déception en toi, peut-être, de ce sentiment de finalement ne rien savoir faire, de cette voix qui susurrerait qu'elle le savait depuis longtemps et puis ce ton qui se transforme se transforme au fur et à mesure des mots répétés et oh! tu entends tes cordes vocales puis peu à peu mais de plus en plus fort celles du corbeau croassantes coupantes irritantes.
Stupide Nero. Bien sûr que non, tu n'as pas ce sentiment de paix cette chose futile qu'est la tranquillité quotidienne ô non, toi Nero, tu es toujours en alerte toujours en colère toujours tendu tendu tendu prêt à décoller à partir à faire des idioties. Puisqu'à la fin, ça doit être à peu près la seule chose que tu sais bien faire, non ? Sourire crispé étouffé glacé.
••• Tertehas .. Saâd ?
Non. Non non non non. Tu ne veux pas parler pas sociabiliser tu ne veux pas entendre ses délibérations ses envies ses ordres ou tu ne sais quoi, tu ne veux pas être un larbin sous-estimé tu ne veux pas tu ne veux pas -mais pourquoi penses-tu ça ? Tu sais très bien que ce n'est pas leur genre. Tu tournes la tête, le corps toujours aussi rigide fixe vertical, tes yeux bleus rencontrant les siens, bien plus froids encore. Pas un mot. Pas besoin. Ni aucun mouvement de ta part, même s'il t'invite; tu es un Garde en fonction un homme à ne pas distraire un soldat qui ne doit pas avoir de répit. Silence encore face à son geste poli courtois ô combien inutile risible; et puis ses mots ne te convainquaient pas non plus. Après tout, il suffisait d'une fois. Une seule petite fois. Tu ne voulais pas faire partie de cette fois-là.
Crissement du papier arraché de son corps de ses limbes de son tout, torture à tes yeux gaspillage de savoir égoïsme sans bornes de celui qui garde tout pour lui ne donne rien aux autres. A moins qu'à la fin, ce ne soit cela, que d'être malin. Garder tout pour soi.
Ah, ces mots sont tentants bien huilés parfaitement dans le sens du poil, oui, tu sens la caresse mais ton manque de confiance brise cet élan; et tu sens dans ta poitrine ce paradoxe de celui qui veut être plein d'éloges mais qui soutient qu'il ne les mérite pas -et à juste valeur, par ailleurs. Et pourtant pourtant tu as toujours cette face imperturbable et ces oreilles qui n'écoutent qu'à moitié trop occupées à écouter le silence à suspecter l'immatériel à regarder les ondes. Que de mots utilisés vainement pour cacher maquiller rendre plus doux plus facile à avaler. Et pourtant, tu ne voyais pas son but. Qu'importe. Tu n'étais pas là pour comprendre sa logique à lui, tu n'étais pas là non plus pour lui être agréable mais pour veiller surveiller même qu'importe les paroles les actes les distractions les interactions.
••• Si je suis devant vous, cela veut dire que j'adhère en tous points à la politique de notre Prince.
Tu vois, Mikhail, une phrase est bien assez bien assez pour faire passer un message un ressenti un agacement peut-être, bien assez pour dire d'arrêter de l'importuner d'arrêter de l'empêcher de ne faillir encore une fois. Encore une fois, Nero. Pas sûr que tu te le pardonnes, que tu t'en remette que tu effaces. De toutes manières, tu n'avais plus rien à dire. Un chien ne reste fidèle qu'à son maître.
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