Pendant que certains prêtent allégeance à la Couronne de Sidheim toi, tu te contentes de satisfaire et de servir ta mère. Cette reine qui te gouverne, qui s’acharne à ce que ton existence soit modelé à son goût à sa manière. Il n’y a rien de réel dans cette relation que tu engendres avec elle, que de l’artificiel tout comme ses déclarations d’amours. Elle t’a maquillé, elle t’a élevé, elle t’a appris à parler, elle t’a appris à marcher droit et à ne jamais pleurer, jamais ne t’apitoyer sur ton sort et celui d’autres. Tes larmes elles se conservent, elles se préservent dans la satisfaction de tes actions honorables à ta manière.


Voilà que tout cela commence à la hauteur de trois pommes, déjà belle comme un cœur et sage comme un ange, rien ne pouvait te résister – hormis ta maman chérie. Elle qui est veuve, elle qui plutôt avouer que son mari l’a laissé, a fait preuve de plus de cran en disant qu’entre un homme qui meurt et un homme qui laisse sa famille, il n’y avait aucune différence – cela revenait au même après tout ; tu pleurs, tu cris, tu rages, tu lui en veux et puis c’est fini. Depuis ce jour, ta mère déteste les hommes et particulièrement ton père. Tu ne l’as jamais connu et jamais ne voudras-tu le connaître, car telle mère telle fille ta maman chérie t’a légué l’héritage de cette haine contre le sexe masculin. Cela n’exclut ni le fait de les utiliser, de les manipuler, d’en profiter n’est-ce pas maman chérie? Alors ton papa est parti et ta maman elle, elle est toujours là – pour être là, elle l’est. Tu souhaites qu’elle soit fière de toi n’est-ce pas Calypso? Qui ne veut pas voir sa mère et/ou son père être fière de sa petite fille adorée, sûrement pas toi. À force de ne vouer que ta vie à la combler tu t’y perdras et aujourd’hui, on peut dire que tu t’y es perdue.


Quand d’autres prétendront que tu es une femme au caractère trempée, à l’esprit rusé, toi,  tu n’en seras jamais assez satisfaite. Portée à chercher tout au long de ta vie ce qu’il en est de ta fierté tu ne vivras de autres choses que t’amuser. À manipuler, à jouer avec la pensée de celui ou celle qui entravera ton chemin par un simple bonjour, par un simple regard, par un simple sourire.

Mais ça, c’est hors du travail, c’est hors de tout ce qui se rapporte à ces dossiers, à ces millions d’informations qui font la richesse du pays dans lequel tu es née. Lorsqu’on te demande pourquoi ce métier, pourquoi tenais-tu tend à te jouer Madame Je-sais-tout de Sidheim, tu réponds tout simplement que tu adores cet endroit, tu vis à l’intérieur et surtout, tu vis pour. Par la suite, tu fais comme tous bons politiciens qui se doivent de ce titre, tu parles durant une bonne heure pour finalement ne rien dire et perdre dans ces belles paroles les personnes qui t’écoutent. Tu as autrefois trempé tes lèvres dans l’élixir du savoir et de la connaissance. Toujours étais-tu à la recherche du meilleur, du top et par ce chemin se pavane d’excellents résultats scolaires. On te regardait de haut, on t’admirait, on t’honorait et par-dessus tout cela, on te récompensait. Par toutes ses personnes désirant cette fragilité à ne pouvoir résister à cette soif de plus de notions, ta mère elle, toujours et encore le dos tourné. Malgré ça, tu discernais une petite partie de cet acharnement perpétuellement au succès de tes notes, une satisfaction personnelle – mais encore. Il en aurait fallu bien plus pour réaliser le contenu de tous tes efforts que tu as empilé durant tant d’année. En bref, ce n’ai pas pour rien qu’on a voulu de tes services, que l’on t’a demandé, t’ayant guetté dans ton cheminement scolaire pour intégrer les services de l’État. En passant par les mots de tes enseignants, de ceux qui te sont supérieurs et qui t’ont amenés le savoir de l’histoire, le savoir de la politique, le fonctionnement global, l’économie et tout ce qui se rapporte à Sidheim. Sidheim tu connais ce pays plus que tu ne te connais toi. Tu le traites comme une personne, tu le traites comme si c’était un ami – ce que tu n’as jamais eu. Tu gardes ses secrets et tu tiens à le préserver au dépend de ta vie.

Au fond, tu fais ça pour ta maman chérie. Cette maman, qui maintenant tu espères, qu’elle te regarde d’en haut. Mais au final, tu sais très bien qu’elle t’a toujours regardé de haut ne te considérant pas comme sa fille mais plutôt comme le résultat de ce qu’elle aurait aimé être.
Les mères peuvent être salopes, mais les filles, elles peuvent être pires – bien pires.


Maintenant que tu travailles pour l’État, tu prends ton travail au sérieux, tu prends tes ordres au sérieux et surtout, tu prends un air sérieux. Plus important, tu cherches à acquérir ce statut  de femme d’affaire, de femme de connaissance et de femme de confiance. C’est ce que tu es après tout non?